Chirurgie percutanée / mini-invasive

La chirurgie percutanée voit le jour au milieu des années 40 aux USA. Un groupe de podiatres tente alors d’effectuer les interventions de l’époque par de petites incisions, à l’aide de matériel prévu pour la chirurgie dentaire. Malheureusement, ce dernier n’est absolument pas conçu pour le pied et ils se heurtent rapidement à de très nombreuses complications et finissent pas abandonner leur projet.

Dans les années 70, un chirurgien américain (S.Isham) reprend le flambeau et modifie aussi bien les techniques que le matériel, afin de s’adapter au mieux à la problématique spécifique du pied. Pendant 10 ans, il développe une nouvelle approche qui, malgré des résultats cliniques encourageants, laisse la communauté chirurgicale sceptique.

Il faut attendre le milieu des années 80 pour que cette chirurgie s’installe en Europe via l’Espagne (M. Del Prado). Elle est effectuée par un petit groupe de chirurgiens mais montre un développement considérable dès les années 90-2000 pour devenir actuellement une des plus grandes révolutions de la chirurgie du pied moderne.

Des études scientifiques apportent progressivement un soutiens académique solide à ces techniques et plusieurs organismes assurent actuellement la promotion, l’enseignement et le développement de la chirurgie percutanée par des congrès ou des cours internationaux (GRECMIP, etc.).

La chirurgie percutanée permet d’effectuer la majeure partie des interventions par une ou plusieurs incisions de 1 mm. Ainsi, l’agression chirurgicale est minime et les tissus sont protégés. Théoriquement, ces techniques permettent donc de limiter les douleurs, d’obtenir une récupération accélérée, de rendre les cicatrices pratiquement invisibles et d’espérer une guérison plus rapide. Naturellement, cela est fonction de l’expertise du chirurgien, du type de pathologie traitée et varie d’un patient à un autre.

Fig 3 : Taille de la cicatrice lors d’une correction d’un hallux valgus (oignon)

L’utilisation limitée de matériel implantable, dictée par la petitesse des incisions, a obligé les chirurgiens mini-invasifs à développer de nouvelles approches théoriques et techniques permettant souvent de s’affranchir de tout matériel externe. Ceci est un vrai plus, non seulement d’un point de vue d’économie de la santé, mais aussi des complications fréquentes liées à ces implants (infections, conflits entre la peau et l’implant, etc.) .

Enfin, la chirurgie percutanée est une réelle avancée dans le traitement des patients souffrant de risques cutanés particuliers, comme les patients diabétiques ou âgés.

La chirurgie percutanée n’a pas pour but de remplacer les techniques standards. Elle offre un éventail de nouveaux outils au chirurgien orthopédiste dans le traitement de ses patients. La chirurgie peut être uniquement mini-invasive ou hybride, combinant percutané et chirurgie ouverte.

Au-delà d’un phénomène de mode, ces techniques représentent une vraie avancée en chirurgie du pied, en témoigne l’intérêt grandissant autant auprès des chirurgiens que des patients. Utilisées avec expertise et raison, elles offrent une vision moderne, ouvrant ainsi un renouveau dans le traitement des pathologies du pied.