Arthrodèse

L’arthrodèse permet de corriger bon nombre de pathologies et déformations. Naturellement, ses indications les plus classiques s’imposent en cas d’atteintes cartilagineuses, comme dans le cas de l’arthrose, définie par une usure plus ou moins importante du cartilage. Alors que les cas légers peuvent être traités par des interventions conservatrices, l’évolution vers une arthrose sévère nécessite de sacrifier l’articulation, soit par une arthrodèse, soit par une prothèse (par exemple, prothèse de cheville). Cette dernière option n’est valable que pour certaines articulations et répond à des conditions bien spécifiques.

Potentiellement, toute articulation peut bénéficier d’une arthrodèse en cas d’arthrose. Au niveau du pied, les sites de fusion les plus fréquents sont:

• Hallux rigidus (arthrose du gros orteil)
• arthrose de cheville
• ligne articulaire de Lisfranc
• arthrose sous-talienne post-traumatique (entre l’astragale et le calcanéum)
• etc.

Fig 3 : Arthrodèse de l’hallux par vis dans le traitement de l’arthrose du gros orteil

Les indications ne s’arrêtent pas à l’arthrose et l’importante stabilité obtenue par l’arthrodèse permet de corriger des déformations structurelles très instables ou sévères. Dans ce contexte, on s’intéressera principalement à:

• double ou triple arthrodèse dans les pieds plats rigides
• arthrodèse cunéo-métatarsienne lors d’hallux valgus instables
• arthrodèse interphalangienne dans l’orteil en griffe
• arthrodèses de réalignement dans les déformations congénitales
• traumatologie sévère
• etc.

Le but d’une arthrodèse est la fusion de deux structures osseuses. La première complication possible et donc l’absence de fusion, aussi appelée pseudarthrose. Certains facteurs augmentent ce risque comme:

• consommation de tabac
• infection du site d’arthrodèse
• insuffisance de stabilisation, soit par le choix du matériel implanté, soit par une mauvaise qualité de fixation (ostéoporose)
• non-respect des recommandations post-opératoires (marche en charge/décharge, plâtre, etc.)
• certains traitements (chimiothérapie, radiothérapie, etc.)

Les contrôles radiologiques post-opératoires permettent de s’assurer de la fusion des éléments osseux. En principe, il faut attendre le 3e mois pour retrouver les signes radiologiques de consolidation lors d’une arthrodèse. Cela dépend évidemment de la localisation et de facteurs externes. En cas de pseudarthrose avérée, il est généralement nécessaire d’intervenir à nouveau en augmentant la stabilité du montage orthopédique et en ajoutant une greffe osseuse.

Une autre complication classique est la fusion en mauvaise position ou mal-union. En effet, l’orientation et la position osseuse sont déterminées le jour de l’intervention, lors de la fixation définitive. Tout défaut de correction entraînera une déviation éventuellement symptomatique des axes osseux. Si cet effet est douloureux ou entraîne un hyper-appui, il est parfois nécessaire de réopérer le site atteint, soit par une désarthrodèse et nouvelle arthrodèse en position, soit par l’adjonction d’un geste osseux supplémentaire (ostéotomie de correction).

L’arthrodèse est un outil extrêmement puissant dans le traitement des pathologies orthopédiques. Ses indications sont précises mais, bien posées, elle permet une correction stable et pérenne de déformations parfois majeures. Particulièrement sensible à sa position de fixation et aux facteurs extérieurs en phase de guérison, elle doit être effectuée avec une grande précision, en connaissance de son utilisation et de ses limites. La bonne compréhension des instructions est capitale à la réussite de cette intervention et le patient doit s’assurer auprès de son médecin d’obtenir toutes les informations dont il a besoin pour mener à bien son traitement.